Elisabeth Couloigner nous présente des images ouvertes, fragments reconstitués de sa perception du monde construite au quotidien depuis très longtemps. Elle a grandi en Finistère et a eu la chance d’explorer la ville, la campagne et le bord de mer de manière répétée, solitaire et libre durant son enfance et de parallèlement  confronter ses expériences à la littérature et aux descriptions documentaires. Sa pratique artistique est nourrie de ces souvenirs mais aussi de la conviction que tout est – langages . Pour elle, le rapport à la nature se confond avec le rapport au monde, la sensation physique d’exister dans l’espace et le temps.
L’exploration de la matière  et de la composition de l’espace offert par le support –  comme langage émotionnel et suggestif – constitue l’objet de sa recherche  picturale. Celle-ci s’inscrit physiquement dans un espace défini, le  tableau, mais se prolonge mentalement  à l’extérieur de celui-ci. Elle utilise cette grammaire culturelle de l’image pour retraduire, organiser, transmettre et peut-être susciter des impressions fugitives et subjectives, traces  mémorielles éparses dans le temps et l’espace,  prélevées  et  ré-assemblées pour évoquer des sensations, des émotions, des souvenirs, parler à notre inconscient perceptif.
 Elle travaille aussi sur la sensorialité de la matière : elle enduit finement ses fonds, prépare ses couleurs à partir de pigments, utilise souvent de la poudre de marbre,  jouant à la fois sur un relief physique et optique, suscitant ainsi le désir de toucher.
Parallèlement, elle a acquis une maîtrise du langage formel qu’est la calligraphie latine, historique et contemporaine. Elle intègre souvent celle-ci comme élément d’œuvres picturales.
 Pour Elisabeth Couloigner, le spectateur est  acteur car il reçoit et interprète les images qu’elle propose, selon sa subjectivité propre.