Comme on découvre un paysage inconnu et pourtant familier,
Je peins comme un explorateur aux fonds des mers.
Je peins sans savoir, sans vouloir, comme un apprenti au métier de vivre.
Je peins comme l’équilibriste sur son fil, entre ciel et terre.
Je peins pour ressentir le vent qui se faufile dans la branche du pommier.
Je peins pour m’unir et me fondre,
Pour entendre le silence des êtres et des choses.
Je peins pour m’étonner et me surprendre.
Comme toute  chose  vivante la peinture est un maître,
Qui  m’apprends à fermer  les yeux pour mieux voir.
Me confronte à l’impuissance de peindre.
Me montre  les couleurs de la nécessité. Je ne peins plus pour représenter, pour exprimer, pour dire, pour montrer,
Je ne peins pas pour me clarifier, pour me soulager, pour expurger.
Je peins pour peindre, la peinture surgit d’un espace et devient présence.
La peinture me demande l’impossible,
Peindre l’inexprimable,
Se prêter au jeu de vivre intensément,
Devenir la peau d’un tambour où résonne l’indicible.